En quelle année a été créée la cigarette électronique ?

En 1903, Henry Ferré, un pharmacien parisien, développe un dispositif qu’il qualifie de révolutionnaire : un inhalateur tubulaire capable de produire une vapeur blanche. Cette vapeur est générée par un mélange d’acide chlorhydrique, d’une solution aqueuse de carbonate d’ammonium et d’alcool polyatomique. À ses yeux, son invention est inoffensive.

Ferré envisageait son appareil comme une simple attraction destinée à divertir. S’il n’a pas conçu son invention comme une alternative au tabac, son dispositif représente une première tentative de produire de la vapeur. Malgré son caractère novateur, l’inhalateur de Ferré ne sera jamais commercialisé. Il reste néanmoins l’un des pionniers de ce qui deviendra plus tard la vape.

Soixante ans après l’invention de Ferré, Herbert A. Gilbert, un détaillant de ferraille américain, dépose en 1963 un brevet pour une "cigarette sans fumée et sans tabac". Cette invention vise à fournir une alternative au tabac à une époque où les dangers du tabagisme commencent à être reconnus.

Le principe de son appareil est simple : un liquide est chauffé par une batterie pour produire une vapeur aromatisée. L'objectif est de remplacer le tabac et le papier brûlés par une expérience moins nocive. Malheureusement, son invention ne rencontre pas le succès escompté. Aucune société ne veut investir dans sa commercialisation, ce que Gilbert attribue à la pression exercée par les grandes industries du tabac, soucieuses de protéger leur marché lucratif.

L’histoire de la vape prend une tournure décisive dans les années 2000 grâce à Hon Lik, un pharmacien chinois né à Xifeng. Hon Lik découvre le tabac à l’âge de 18 ans, dans une Chine en pleine révolution culturelle. Rapidement, il devient un gros fumeur, consommant jusqu’à deux paquets par jour. En parallèle, il développe une passion pour l’électronique et la pharmacopée chinoise, devenant sous-directeur de l’Institut de recherche sur les médicaments chinois de Shenyang.

Cherchant à arrêter de fumer, Hon Lik essaie les patchs à la nicotine, mais il réalise qu’ils ne parviennent pas à satisfaire ses besoins. Il identifie que le plaisir lié au tabac provient du pic de nicotine rapide au cerveau, quelque chose que les patchs ne peuvent reproduire. En combinant sa connaissance de l’électronique et sa volonté d’arrêter de fumer, il crée en 2003 un appareil capable de vaporiser un liquide contenant de la nicotine : la première cigarette électronique moderne.

En 2003, Hon Lik fonde la société Ruyan à Shenyang pour commercialiser son invention. Malgré le potentiel de la cigarette électronique, son entreprise est victime d’une campagne de dénigrement, probablement orchestrée par les grandes industries du tabac. D’autres entreprises copient son invention, produisant des cigarettes électroniques en masse et à moindre coût, ce qui complique les débuts de Ruyan.

En 2005, l’e-cigarette fait son entrée sur les marchés européens et américains, marquant un tournant dans son histoire. Hon Lik parvient à reprendre en main la commercialisation de son produit et finit par s’imposer comme une figure incontournable dans l’industrie de la vape. En 2013, il revend son brevet à Imperial Tobacco, une multinationale du tabac, estimant qu’une telle entreprise est la mieux placée pour diffuser la cigarette électronique à grande échelle.

L’e-cigarette arrive en France en 2005 et commence à transformer les habitudes des fumeurs. Elle devient une alternative populaire pour arrêter de fumer et offre un environnement plus sain en réduisant les effets du tabagisme passif. Grâce à ses propriétés, l’e-cigarette se positionne comme un substitut efficace à la cigarette classique.

Entre 2011 et 2014, la France connaît une explosion du marché de l’e-cigarette. Des enseignes fleurissent dans tout le pays, portées par l’engouement des consommateurs. Cependant, après cette période de croissance rapide, le marché subit une légère baisse entre 2014 et 2016, principalement due à une phase de régulation et de maturation.

Durant cette période, les avancées technologiques permettent au secteur de se stabiliser et d’offrir des produits plus fiables et diversifiés. Les premières réglementations, comme l’application de la directive européenne TPD (Tobacco Products Directive) en 2017, contribuent également à structurer le marché. Cette directive impose notamment des normes de sécurité pour le matériel et limite les flacons de liquides nicotinés à 10ml.

Après cette phase de régulation, le marché de l’e-cigarette repart à la hausse. En 2018, le secteur enregistre une progression de 21%, atteignant un chiffre d’affaires global de 820 millions d’euros en France. Même durant la crise sanitaire de 2020, l’industrie de la vape continue de croître, avec une hausse de 8% cette année-là. En 2021, le marché français dépasse pour la première fois le milliard d’euros de chiffre d’affaires, confirmant sa place comme l’un des plus importants au monde.

La France se positionne aujourd’hui comme le troisième marché mondial de la vape, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. L’e-cigarette est désormais ancrée dans le quotidien de millions de Français.

L’e-cigarette s’est imposée comme un outil essentiel pour les anciens fumeurs cherchant à se sevrer du tabac. Contrairement à la cigarette traditionnelle, elle ne produit pas de combustion, ce qui élimine de nombreuses substances toxiques. De plus, elle réduit le tabagisme passif pour les proches des vapoteurs.

L'e-cigarette permet aussi une personnalisation accrue de l’expérience de fumer. Les vapoteurs peuvent ajuster le taux de nicotine, choisir des saveurs variées et expérimenter différents types d’appareils. Cette flexibilité, combinée à des prix souvent inférieurs à ceux du tabac, en fait une option attractive pour de nombreux consommateurs.

Depuis son apparition, la cigarette électronique a évolué, passant de modèles rudimentaires à des dispositifs sophistiqués et allant des tailles les plus grandes aux tailles les plus petites. Chaque étape de son développement a apporté des innovations marquantes, rendant l’expérience plus personnalisée, mais aussi plus accessible grâce à une tendance à la simplification des appareils.

Les premiers modèles, appelés cigalikes (années 2000), imitent la forme et la gestuelle des cigarettes traditionnelles. Bien que simples, ils manquent de personnalisation. En 2010, les kits eGo marquent une avancée en offrant une batterie avec bouton d’activation et un clearomiseur rechargeable. Ces dispositifs démocratisent la vape grâce à leur simplicité d’utilisation.

Le succès des kits eGo entraîne l’émergence des clearomiseurs, avec résistances interchangeables pour un meilleur rendu des saveurs, et des cartomiseurs, offrant une vapeur chaude et sèche. En parallèle, des passionnés, appelés modders, développent des mods mécaniques, autonomes et puissants, initiant une personnalisation accrue des appareils.

En 2012, les mods électroniques introduisent un contrôle précis de la puissance grâce à leurs circuits intégrés. En 2013, les atomiseurs reconstructibles permettent aux vapoteurs d’assembler leurs résistances pour obtenir une vape plus performante et personnalisée.

• 2014 : Sub-ohm. Réduisant la résistance sous 1 ohm, cette technologie permet de produire de gros nuages de vapeur tout en diminuant le taux de nicotine.
• 2015 : Kits AIO et vape pens. Simples et compacts, ces appareils ciblent les primo-vapoteurs cherchant un outil efficace pour arrêter de fumer.
• 2018 : Pods et dispositifs à cartouche. Ces systèmes compacts séduisent par leur facilité d’utilisation, certains étant préremplis et jetables.

Depuis 2019, les puffs ont conquis le marché avec leur fonctionnement ultra-simple. Préremplis et jetables, ces dispositifs attirent les nouveaux vapoteurs par leur praticité et par leur variété de saveurs. Cependant, leur caractère jetable soulève des préoccupations environnementales en raison des déchets électroniques qu’ils génèrent. C’est pourquoi, en 2025, les puffs jetables vont devenir interdites pour céder la place aux puffs rechargeables.

L’histoire de la cigarette électronique, depuis les premières expérimentations d’Henry Ferré en 1903 jusqu’à la commercialisation massive initiée par Hon Lik au début des années 2000, illustre l’évolution d’une invention qui a transformé les habitudes de consommation de millions de personnes. Aujourd’hui, la vape est à la fois un outil de sevrage tabagique, une alternative au tabac traditionnel et un marché en pleine expansion.

Malgré des défis environnementaux, l’e-cigarette continue de s’imposer comme une innovation majeure. En France, elle est devenue une composante essentielle de la lutte contre le tabagisme, offrant aux fumeurs un moyen plus sain de consommer de la nicotine tout en réduisant les risques pour leur entourage. L’avenir de la vape semble prometteur, porté par des avancées technologiques et un intérêt croissant pour des solutions alternatives au tabac.