Si vous ne situez pas, Grey’s Anatomy est une série médicale américaine qui vit en 2023 sa 19e saison. Elle raconte le quotidien de médecins d’un hôpital de Seattle qui s’efforcent de soigner leurs patients et si elle a toujours rencontré le succès – d’où sa longévité -, un de ses épisodes a néanmoins dû faire hurler plus d’un vapoteur pour l’image déplorable qu’il donne de la vape. En tout cas, il a fait hurler la Fivape.
Cet épisode, c’est Chaos. Il est le 11e de la 16e saison et a été diffusé en France le 15 avril 2020. Le synopsis : un étudiant et nageur de haut niveau est admis au Grey Sloan Memorial Hospital en raison d’un malaise respiratoire. Il s’essouffle aussi rapidement et tousse du sang. C’est pourquoi un examen s’impose et celui-ci révèle que le jeune homme possède des poumons aussi dégradés que ceux d’un fumeur de 60 ans. Mais, d’après un médecin, quoi de plus normal puisque le patient vapote ? Il faut donc procéder à une ablation partielle d’un poumon et le sportif se voit contraint à renoncer à toute compétition. Enfin, le même médecin se permet de désigner les industriels de l’e-cigarette comme le diable et de soutenir qu’ils visent les enfants.
Cet épisode a donc tout d’une charge contre la cigarette électronique et il n’en fallait pas davantage pour déclencher le courroux de la Fivape. La Fédération Interprofessionnelle de la Vape a saisi le CSA. A ses yeux, le téléspectateur a eu affaire à un scénario mensonger, porteur de fausses informations et dénonçant sans fondement les produits du vapotage et les intentions des fabricants. Elle estimait également que nous étions en présence d’un acte de propagande antivape, pour ne pas dire d’un acte complotiste, et qu’il était irresponsable de la part d’une fiction de tenir des propos aussi inexacts sur la santé publique à une heure de grande écoute. D’ailleurs, la Fivape n'est pas la seule à avoir houspillé Grey’s Anatomy. Le tabacologue Bertrand Dautzenberg s’en est aussi pris à la série, qualifiant l’épisode de caricatural et précisant que la vape constitue le 1er outil de sevrage tabagique en France.
En fait, selon la Fivape, les auteurs ont commis l’erreur de s’inspirer d’un événement qui s’est produit quelque temps plus tôt aux Etats-Unis. En effet, durant l’été 2019, des centaines de vapoteurs souffraient de pathologies respiratoires, mais cela s’explique. Ces personnes ont en réalité consommé des e-liquides frauduleux, des e-liquides pourvus de stupéfiants et vendus au marché noir qui résultaient d’une fabrication non encadrée. Il est donc regrettable de condamner la vape pour un fait dont ses industriels ne sont pas responsables.
Rappelons que les autorités sanitaires ont reconnu l’e-cig comme une aide au sevrage tabagique et que le ministère de la Santé britannique voit en elle un moyen permettant de réduire de 95% les risques liés au tabac. Alors si une fiction compte adresser un message au plus grand nombre, le minimum est de s’assurer de la véracité de son discours, surtout lorsque la santé publique est en jeu.
