Comme chaque année depuis 2015, le Public Health England (agence de santé publique britannique) a publié son rapport sur l’évolution de la vape. Celui-ci fait état des connaissances actuelles sur la cigarette électronique mais met aussi en lumière les dernières études parues. L’agence avançait il y a quelques années déjà que la vape était 95% moins nocive que le tabac, elle actualise aujourd’hui ses données en se concentrant sur quatre grands axes : le vapotage chez les jeunes, chez les adultes, les personnes souffrants de problèmes de santé mentale et les femmes enceintes.
Au sommaire :
- Les jeunes et la vape
- La vape et les adultes
- La vape pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale
- Le vapotage pour les femmes enceintes
Les jeunes et la vape
Il convient tout d’abord de rappeler que ce nouveau rapport se base uniquement sur des études fiables et vérifiées ainsi que sur la littérature scientifique disponible. Toutes les études prises en compte comparent toujours la cigarette électronique avec le tabac ainsi qu’avec un groupe témoin non-fumeur et non-vapoteur.
Le premier axe d’étude porte sur le rapport des jeunes à la vape et il s’avère que les taux sont restés stables sans aucune augmentation. Contrairement à ce que les États-Unis ont pu connaître ses dernières années, les jeunes au Royaume-Uni ne sont pas pris d’un engouement fulgurant pour la cigarette électronique. Néanmoins, si le rapport note que les jeunes les plus âgés sont plus susceptibles de faire des expérimentations, ceux qui vapent ont le plus souvent déjà essayé le tabac. Dans les faits, moins de 1% des jeunes vapoteurs n’ont jamais fumé.
En revanche, l’agence est préoccupée par la perception de la vape qu’ont les jeunes. En effet, ceux-ci semblent de moins en moins bien informés sur la moindre nocivité de la vape par rapport au tabagisme et alors qu’en 2014, 68% des jeunes de 11 à 18 ans déclaraient que vapoter était moins nocif que fumer, ils ne sont plus que 52% en 2019. Ceci pourrait en partie être dû à la crise américaine de 2019 qui a affaiblit la réputation de la vape. Mais le rapport précise également qu’il est complexe de comparer ces taux entre différents pays car les questions ne sont jamais identiques et les méthodes d’enquête diffèrent d’un pays à un autre.
La vape et les adultes
Comme pour les jeunes, la prévalence de la vape chez les adultes reste également stable depuis 2014. On comptait en effet entre 5 et 7% de vapoteurs en 2019. Il ressort que les anciens fumeurs se tournent de plus en plus vers la cigarette électronique pour éviter de retomber dans le tabagisme et en 2019, l’usage de la vape chez ce groupe se situait entre 12 et 13%. De plus, et comme dans le cas des jeunes, les vapoteurs n’ayant jamais fumé représentent moins de 1% ce qui montre que la vape se développe comme un véritable outil de sevrage tabagique. En parallèle, et comme pour prouver ce fait, le tabagisme continue de régresser en Angleterre depuis les dix dernières années pour atteindre les 15% en 2019.
En revanche, les adultes sont également de moins en moins informés sur les effets du vapotage. Si en 2014, 45% des adultes pensaient que le vapotage était moins nocif que la cigarette, ils n’étaient plus que 34% en 2019. S’il faut préciser que cette perception erronée est plus présente chez les personnes qui ne vapent pas, on retrouve tout de même un parallélisme avec le groupe des jeunes. Ceci montre encore une fois le manque d’information évident à l’égard de la population.
Enfin, le rapport souligne l’importance des arômes dans la vape. La question fait encore débat dans certains états américains car les arômes sont accusés d’attirer les plus jeunes. Mais en Angleterre, la plupart des fumeurs déclarent que si les arômes devaient être interdits, cela les dissuaderait d’adopter la cigarette électronique pour arrêter ou réduire leur consommation de tabac.
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La vape pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale
Il s’agit là d’un sujet qui pose de plus en plus question car la prévalence tabagique est la plus forte sur ce groupe de personnes. La vape pourrait donc constituer un moyen efficace de baisser les taux de tabagisme sur cette catégorie. Le rapport du PHE précise d’ailleurs qu’aucune étude sur ce sujet précis n’a été réalisée en Angleterre. Les conclusions se basent donc sur 17 études faisant état de l’utilisation de la cigarette électronique chez les personnes présentant des problèmes de santé mentale en dehors du Royaume-Uni. Il faut également prendre en compte le fait que selon les études, la définition du vapotage diffère : une étude peut considérer qu’un individu est vapoteur lorsqu’il vape tous les jours tandis qu’une autre le considérera comme vapoteur s’il a vapé au moins une fois sur les 30 derniers jours. Les résultats et conclusions de ces études doivent donc être analysés avec une certaine prudence.
À partir de là, les taux de vapoteurs parmi les personnes souffrant de maladie mentale varient de 3 à 20% selon les études. Ces pourcentages relativement élevés peuvent notamment s’expliquer par la forte prévalence tabagique au sein de cette catégorie de personnes.
Il faut préciser qu’à ce jour, aucune étude n’a encore démontré l’efficacité de la cigarette électronique comme outil de sevrage pour les fumeurs présentant des troubles mentaux. Selon le rapport du Public Health England, seules quatre études se sont intéressées de plus près à la réduction des risques sur ce groupe particulier mais les fumeurs n’étaient jamais motivés à arrêter leur tabagisme. Suivis sur une période de 12 mois, seuls 7 à 14% des participants ont réussi à réduire leur consommation de cigarettes.
En somme, les données manquent encore et l’information n’est pas suffisante pour ce groupe fortement touché par le tabagisme, ces personnes devraient être informées sur le fonctionnement et l’entretien d’une cigarette électronique et être accompagnées dans leur arrêt définitif. Des études sont donc en cours afin d’affiner les données et obtenir des informations plus représentatives à l’échelle de l’Angleterre.
Le vapotage pour les femmes enceintes
Comme dernier axe, le rapport du Public Health England s’est penché sur le vapotage pendant et après la grossesse. Il s’avère encore une fois que les données manquent concernant ce point. Il est particulièrement rare qu’une femme se mette à vaper pendant sa grossesse sans jamais n’avoir fumé auparavant et elles le font généralement dans une optique d’arrêt du tabac. Cependant, peu d’études ont tenté d’évaluer les effets du vapotage pendant et à l’issue de la grossesse, tout comme ses effets sur le tabagisme. Pour le moment, les professionnels de santé et les médecins ne sont pas encore sûrs des effets que pourrait avoir la cigarette électronique pour la mère et le bébé.
De plus amples recherches devront être menées afin d’approfondir le sujet car si la cigarette électronique se présente comme un excellent moyen de sevrage, ses risques potentiels sont susceptibles de décourager les fumeuses. C’est pourquoi il est essentiel d’évaluer les risques non seulement pour la mère mais aussi pour l’enfant afin de rassurer les futurs parents. Dans tous les cas, il sera conseillé de réduire ou même d’arrêter totalement sa consommation de cigarette en début de grossesse.
Cinq ans après avoir déclaré que la vape était 95% moins nocive que le tabac, l’agence de santé britannique ne revient donc pas sur ce point. Dans ce rapport, elle s’intéresse au contraire à des groupes plus précis que sont les jeunes, les adultes, les personnes présentant des troubles mentaux ainsi que les femmes enceintes. On note alors que le manque d’information concernant la cigarette électronique a un réel impact sur la population et la prévalence tabagique. Des études plus poussées devront donc être menées afin d’éclaircir différents points.
Le Royaume-Uni est le seul pays à réellement suivre de près l’évolution de la vape année après année. Au contraire, la France reste plus frileuse alors même que le Royaume-Uni connaît une baisse de la prévalence tabagique sur son territoire depuis qu’elle encourage les fumeurs à passer à la cigarette électronique.