Qui a dit que la cigarette électronique ne servait qu’à vapoter ? La ville américaine de Sacramento est le théâtre d’une exposition unique en son genre. Pour la première fois de son histoire, l’e-cigarette est présentée comme un objet d’art à part entière. Art et vape ne sont donc pas incompatibles, bien au contraire. Les artistes qui ont utilisé la cigarette électronique comme principal objet de création sont nombreux. Nous avions à cœur de vous présenter cette incroyable exposition avec la participation exceptionnelle de certains artistes.
Au sommaire :
- Vape et art, le début d'une histoire
- Une exposition engagée
- Les artistes de l'exposition
- Entretiens avec les artistes
Vape et art, le début d’une histoire
La cigarette électronique a fait son apparition en 2003. A cette date, un ancien pharmacien chinois met au point un procédé électronique afin de mettre fin efficacement à sa consommation de tabac. Le succès de son invention prend très vite de l’ampleur et en 2010, la cigarette électronique fait une entrée triomphale en France. Mais son arrivée sur le sol européen est timide. Il a fallu du temps et un travail quotidien aux acteurs de la vape pour la faire accepter comme un produit efficace et largement moins nocif que la cigarette classique. Après dix années d’exploitation, l’e-cigarette obtient peu à peu l’image qui lui revient, et cela au gré des périples qu’elle a traversé en proposant aujourd'hui des modèles destinés au sevrage tabagique tout comme des modèles subohm pour une vape plaisir.
Devenue le moyen le plus efficace aux yeux de la majorité des fumeurs qui veulent arrêter de fumer, l’e-cigarette se voit aujourd'hui consacrée une exposition. Et à n’en pas douter, elle est particulièrement originale. Le marché UpcyclePop de Sacramento en Californie a décidé d’allier l’art et la vape. Les artistes américains participants ont eu pour consigne d’utiliser du matériel de vape pour confectionner l’oeuvre de leur choix. Au total, ils sont douze à avoir répondu présents.
Une exposition engagée
Le but principal de cette exposition n’est pas anodin. Allier l’art et la vape, oui mais pour une cause louable. Les artistes sont tous engagés dans une cause commune : la préservation de l’environnement.
Contrairement à la cigarette traditionnelle, l’e-cigarette produit peu de déchets mais ils restent néanmoins un peu . Les résistances usagées, les fioles vides d’e-liquides, les atomiseurs ou kits complets défectueux sont forcément jetés à un moment donné. Malgré le peu de déchets que la vape produit, il faut penser à ne pas s’en débarrasser naïvement. D’ailleurs nous avons quelques conseils à vous offrir sur cette question de comment recycler sa cigarette électronique. Mais pourquoi pas utiliser ces déchets de la vape pour une cause artistique ? C’est la proposition du marché UpcyclePop.
Les artistes de l’exposition
Le profil des artistes participants est pluriel. Entre des stylistes, des peintres et des fabricants de boombox, ils ont fait de la cigarette électronique leur sujet principal en faveur du recyclage des produits de la vape. Nous avons à cœur de vous en présenter quelques uns.
Martha Jones, aux couleurs de la vape
Martha Jones est une artiste américaine adepte des œuvres d’art colorées au ton humoristique. Ses œuvres sont principalement destinées aux décorations de maison et de jardin. Sa spécialité ? Détourner des objets pour fabriquer une œuvre exceptionnelle. Elle a la particularité d’être également architecte et designer. Pour l’exposition, elle a choisi de créer une robe à rayures noires et blanches constituée uniquement de cigarettes électroniques Jupiter de la marque Femi Vape.
Christina Pate, la bête extraordinaire de la vape
Lorsque l’on déambule dans la galerie du marché UpcyclePop, on découvre une curieuse création au visage humain. Elle est l’oeuvre de Christina Pate. L’artiste qui s’inspire de la nature à chacune de ses œuvres a assemblé une colonne vertébrale à des bouquets de cigarettes électroniques pour constituer les pattes, tandis qu’une tête au visage humain vient sublimer le tout en étant couronnée d’e-cigarettes. La bête extraordinaire de la vape est née entre les mains de Christina Pate.
Yennie Zhou, l’arbre de la vape
Yennie Zhou est une artiste née au Vietnam, élevée en Chine et vivant actuellement en Californie. Son art est un majestueux mélange d’inspirations qui incluent l’architecture, la nature et l’émotion humaine. De nombreuses œuvres sont constituées de matériaux non conventionnels, du quotidien. Son arbre de la vape s’inscrit logiquement dans sa logique de réalisation. Constitué de bois et de PVC, cet arbre se voit ajouté des cigarettes électroniques Jupiter de Femi Vape de couleur noire et blanche.
Entretiens avec des artistes
Parmi ces artistes, deux d’entre eux nous ont fait l’honneur d’accepter de répondre à quelques questions.
Sacramento, la mode au service de la vape
Sheilagh McCafferty est une styliste américaine qui s’est vue particulièrement inspirée par le thème de l’exposition. Au total, ce n’est pas moins de trois créations qu’elle a confectionné spécialement pour l’exposition. La première est un sac en tissu réutilisé avec une bandoulière constituée d’atomiseurs. La seconde est un collier en cigarettes électroniques Jupiter. Et la dernière est une veste en tissu réutilisé de couleur rose aux manches amples et décorées de LED récupérées sur des batteries de e-cigarettes.
Pourtant, Sheilagh McCafferty l’assume “je ne vape pas, mais j’ai compris que vapotage est une façon plus saine de fumer”. Son intérêt pour l’exposition est double. “D’abord, je suis une artiste UpCycle, mon espace de travail est une partie de l’Atrium916, Creative Innovation Center for Sustainability. Enfin, la mode est une réaction au monde qui nous entoure. C'est un panneau d'affichage visuel. Je favorise une mode qui a du sens. L'industrie du vêtement a démodé le style, produisant une qualité inférieure, une détérioration de l'environnement, sans parler des conditions humaines déplorables dans la confection des tissus. Lorsque je réutilise des tissus du passé, je trouve que la qualité et la beauté manquent sur le marché de masse d'aujourd'hui.”
En premier lieu, ce qu’a apprécié l’artiste dans cette exposition, c’est bien l’aspect environnemental. Réutiliser des objets du quotidien pour constituer l’art est primordial de nos jours. “J'espère que mes œuvres serviront d'amorce pour des conversations passionnées.” Mais la cause environnementale ne doit pas concerner uniquement les vapoteurs, mais également les fabricants de cigarettes électroniques. “J’espère que les fabricants de e-cigarettes travailleront vers une conception plus respectueuse de l'environnement”.
Mais pour Sheilagh McCafferty, les LED utilisées dans la plupart des vapoteuses ont été les composants les plus inspirants. Pour elle, elles sont “l'embellissement parfait pour la manche évêque de la veste.” Un vêtement dont elle a particulièrement apprécié la réalisation. “La belle laine rose est une pièce haut de gamme de la société Forstmann Woolens des années 1950 récupérée dans un état impeccable de la collection d'une ancienne couturière. L'embellissement de la fourrure a été fait à partir d'un collier des années 1940 enfilé sur une corde de velours vintage.” Quant au collier, “la forme cylindrique des cigarettes électroniques est parfaite pour rappeler une perle allongée”.
Clinton Petrino, la décoration de la vape
Clinton Petrino est un artiste américain, directeur de l'agence de marketing Canna Cooperative. Vapoteur depuis plusieurs années, il a voulu participer à cette exposition qui mêle e-cigarette et environnement. Avant tout, l'intérêt de cette exposition est "de sensibiliser à la question croissante des déchets dans l'industrie de la vape. Nous devons éliminer le flux de déchets en ce qui concerne les métaux, les plastiques et autres substances toxiques qui sont essentielles pour notre confort, notre santé, notre sécurité et notre bien-être général". Pour l'artiste, il est temps de mettre en avant des cigarettes électroniques réutilisables, qu'il ne suffit pas d'utiliser une unique fois pour ensuite la jeter à la poubelle.
Ainsi, il montre l'exemple en créant une table et un lustre fabriqués avec des matériaux de vape comme base de travail. Ces objets de décoration intérieure montre qu'il est possible d'offrir une seconde vie aux objets avant de s'en débarrasser. "Les matériaux sont des ressources et les ressources sont précieuses. Nous ne devons pas continuer à consommer les ressources de cette planète avec l'intention de l'utiliser une seule fois, puis de la renvoyer dans l'environnement sans penser à ce qui lui arrivera après avoir fini de l'utiliser. Nous prenons des cartouches de cigarette électronique comme modèle qui seraient devenues des déchets et nous les transformons en quelque chose de beau que quelqu'un peut chérir pendant des années." Ces cartouches de e-cigarette ont été confectionnées pour les vaporisateurs Jupiter de Femi Vape qui n'ont pas passé les tests de qualité et qui allaient prendre la poussière dans l’entrepôt de la marque.
Désormais, le but de Clinton Petrino et de cette exposition est de "continuer à rassembler des parties prenantes et engagées de tous les secteurs pour discuter des alternatives aux méthodes de fabrication et de consommation actuelles. Nous apprendrons à réutiliser des matériaux et à mettre à niveau des choses que nous considérerions généralement comme des déchets."
Joyce Pierce, le collier de la vape
Joyce Pierce est un fabricant de bijoux spécialisé dans le recyclage de matériaux pour confectionner ses œuvres. Pour cette exposition, elle a choisi de réaliser un collier fabriqué à partir d’atomiseurs.
Etes-vous vapoteuse ?
“Oui depuis un an.” L’artiste a donc logiquement été intéressée par le sujet de l’exposition, d’autant que le fait d’allier cet objet de son quotidien à sa passion pour le recyclage ne pouvait que l’inspirer.
Quel est le message de votre oeuvre ?
“Nous devons tous avoir une conscience durable et tout peut être utilisé pour faire de l’art.”
Pourquoi avoir utilisé des atomiseurs ?
“Ces atomiseurs ont permis de colorer davantage le collier. Le bijou est ainsi devenu un produit au design particulièrement agréable.”
Quelle leçon tirez-vous du sujet de cette exposition ?
“Nous devons trouver un moyen d'éliminer les cigarettes électroniques usagées de manière responsable.”